18 avril 2015

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett


A propos de l’auteur :
Kathryn Stockett est une écrivain américaine, connue pour son livre La couleur des sentiments. Avant de publier ce premier livre, elle travaillait dans un magazine à New York. 

La couleur des sentiments lui prit cinq ans avant d'être achevé.  Elle y aborde les relations entre les patronnes Blanches et les bonnes Noires dans le Mississipi des années 60, en s'inspirant de son propre vécu dans la région.

Le livre fut rejeté par soixante agents littéraires avant que Susan Ramer en prenne la charge. A sa publication, 10 millions de copies furent vendues. Il fut également dans la liste des Best-Seller de New York Times pour plus de 100 semaines.
Source : Wikipedia.

L'histoire :

En 1962, au Mississippi, les foyers de Blancs emploient couramment une  bonne Noire. Malgré la proximité avec laquelle vivent les deux ethnies, les préjugés ont la vie dure.

Dans ce contexte délicat, une jeune femme Blanche, Skeeter, rêve de devenir écrivain. L'unique maison d'édition acceptant de lui donner une chance, lui demande de publier sur un sujet qui la touche.

Marquée par l'amour de sa propre bonne, elle décide d'interviewer deux Noires, Aibileen et Minny, afin de faire connaître au monde la condition d'une bonne Noire travaillant pour une patronne Blanche. 

D'abord réticentes et méfiantes, Aibileen et Minny acceptent de l'accompagner dans ce projet dangereux.
Mon avis :

La couleur des sentiments  est un roman raconté  via trois narrations internes : Skeeter, une jeune Blanche, ainsi que deux bonnes Noires : Aibileen et Minny.
Stockett sait très bien raconter une histoire : son écriture est fluide et se lit d'une traite ! Le livre est également divertissant dû à un léger humour mais aussi grâce à ses personnages attachants.

La bonne Aibileen a une tendresse infinie pour les enfants et nous décrit la situation entre les Blancs et Noirs avec des yeux sages. Quant à Minny, elle est plus méfiante et n'aime pas se mélanger aux Blancs. A ses yeux, les limites sont réelles. Enfin, Skeeter est le personnage qui grandit le plus le long du livre. Au départ, elle sent la présence des injustices. Mais ce n'est qu'après l'entreprise de son projet d'écriture qu'elle fait face à la réalité de l'autre. Suite à cela, impossible pour elle de fermer les yeux, quitte à tout perdre.
San Augustine, Texas, 1943. 
Photographie de Vachon John.

Malgré l'attachement pour les personnages, je regrette un manque de profondeur car certains d'entre eux restent à la limite de la caricature. Par exemple, Celia, reste un personnage superficiel 
bien que j'adore son caractère maladroit, peu conventionnel. Une certaine incohérence se présente également : comment expliquer qu'une  femme ayant vécu dans la pauvreté du Sugar Ditch, e puisse pas se débrouiller seule pour du café alors qu'elle peut se battre ? 
De même, Hilly m'insatisfait. D'un côté, j'aime le fait que malgré son racisme, elle reste une mère des plus aimantes, ce qui nuance son personnage. Mais de l'autre, je la trouve également stéréotypée.
Ce genre de détails m'embêtent, mais dans l'ensemble, Stockett réussit à faire passer la pilule car elle est une bonne conteuse.

De même, les personnages masculins m'ont fait tiquer : ils sont déjà peu nombreux mais ceux présents sont superficiels et caricaturaux. Seuls deux personnages masculins sont récurrents :  le mari alcoolique qui bat sa femme pour le plaisir et le petit-ami beau mais amoureux de son ex-fiancée. Je trouve cela dommage car développer les personnages masculins aurait rajouté du réalisme au livre.


San Augustine, Texas, 1943.
Photographie de Vachon John.
Bien que certains des personnages m'ont insatisfait, l'auteur réussit à nuancer le relationnel : si certaines patronnes blanches sont réellement cruelles, d'autres le sont moins. Quelques-unes sont même profondément attachées à leur bonne. De même, si certaines noires détestent réellement les blancs, d'autres ont un amour infini pour leur famille. La complexité de cette relation est difficile à décrire et je pense que Stockett s'est rapprochée de la réalité, mais sans jamais l'atteindre. Il est vrai que je ressors légèrement insatisfaite car le livre ne fait pas assez ressentir ce que c'est qu'être noire :  l'humiliation, la peur, le dénigrement éprouvés ne sont jamais totalement transparents dans ce roman.
De ce fait, le livre ne me donne pas de choc émotionnel.

Une autre raison qui fait que le livre ne me secoue pas est la fin, très idéaliste à mes yeux.
Spoiler:
Il est vrai que Skeeter subi les conséquences de son livre : elle perd ses amis, son petit-ami et sa vie sociale en entier. De même, certaines bonnes paient la vérité en perdant leur travail. Cependant, dans l'ensemble, je trouve que c'est bien peu par rapport à ce qui a été mis en jeu.
Au final, bien que ma lecture était appréciable et divertissante, je pense ressortir de ce livre sur ma faim. Le sujet est passionnant et aurait mérité plus d'approfondissement. Pour le moment, j'ai l'impression d'avoir frôlé la réalité, sans la saisir dans son entièreté.

Il n'empêche que le livre reste intéressant pour celui qui connaît peu la situation du Mississippi. Les personnages, malgré une légère tendance à la caricature, restent attachants et leurs rapports sont complexes, tiraillés entre la haine et l'amour.


Malgré une enfance dans le Mississippi, Kathryn Stockett a certainement le mérite d'essayer de se mettre à la place de l'autre, tout en réalisant qu'elle ne capturera jamais la complexité de la situation vécue par une noire. Cela demande une grande ouverture d'esprit et une remise en question difficile, je ne peux que saluer sa démarche.

En bref :
  • Points positifs : sujet intéressant, personnages sympathiques, lecture rapide et divertissante.
  • Points négatifs : le sujet aurait mérité de la profondeur afin de tendre vers plus de réalisme, manque cruel de personnages masculins crédibles.
Avez-vous lu ce livre ? 
Quel était  votre personnage préféré ? 
Que pensez-vous de la situation dans les années 60 au Mississippi ?
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12 avril 2015

Film : How to train your dragon

A propos de l’équipe

Studio : DreamWorks Animation

Basé sur : "How to Train Your Dragon" par Cressida Cowell

Réalisé par : Chris Sanders ; Dean DeBlois

Produit par : Bonnie Arnold

Screenplay : Will Davies ; Chris Sanders ; Dean DeBlois

Musique: John Powell

Histoire :

Berk est un village viking où la vie n'est pas simple : l'existence y est rythmée par les combats contre les dragons attaquant constamment le village. Ce peuple a vécu depuis toujours dans ce combat, il y y trouve donc fierté et honneur. 

Fils du chef du village, Hiccup est pourtant toujours mis de côté. Gringalet, un peu peureux, plus de cerveau que de muscles, il a du mal à trouver sa place dans ce monde de guerrier. Cependant, un jour, il réussira à capturer un dragon ! Mais, cette rencontre ne risque pas de tourner comme il l'imaginait...
Mon avis :

Le premier et unique défaut que je trouve à ce dessin animé est le scénario prévisible. Cependant, Dreamworks réussit à nous charmer grâce à des personnages attachantsHiccup peut être le reflet de tout enfant ou adolescent et les adultes se souviendront de cette période de vie où il avait du mal à savoir comme s'intégrer. 

Toothless est un dragon adorable, avec un mauvais caractère hilarant mais aussi, une fidélité sans faille. Le reste du village est tout aussi attachants que ce soit les petits gamins embêtant Hiccup ou bien son père - déçu que son fils ne lui ressemble mais en même temps, fort aimant.

Ensuite, parlons de la forme : c'est une excellente animation, avec des décors magnifiques. J'aime le character design des différents personnages, qui reflète leur unicité et leur personnalité. Aucun personnage ne se ressemble, ils ont tous un style bien propre. 

De même pour les dragons, dont le caractère ressort autant dans leur physique que dans leur gestuelle, encore un plus pour l'animation ici ! Le design des dragons sont particuliers : plus proches du cartoon que du dragon épique traditionnel, mais cela convient bien au ton de l'histoire.

Pour finir, j'adore les histoires d'amitié, définitivement plus que les histoires d'amour, et celle-ci, bien que classique, m'a touchée.

Bref, excellent petit dessin animé, dont le scénario, bien que cliché, réussit à nous happer de par la qualité de l'animation, des personnages et des décors.
En bref :

  • Points positifs :animation excellente, personnages attachants, sublimes décors.
  • Points négatifs : scénario prévisible.

Avez-vous lu le film ? Qu'en avez-vous pensé?
Quel fut votre dragon préféré ?
Quelle fut votre scène préférée ?
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05 avril 2015

The perks of being a wallflower de Stephen Chbosky


A propos de l’auteur :
Stephen Chbosky est un américain né dans les années 70.  Il exerce plusieurs rôles tel que romancier, scénariste et réalisateur. 
Il naît et grandit en Pennsylvania et étudia à "University of Southern California" 

Le premier film qu'il écrit et réalise fut "The Four Corners of Nowhere"
qui fut accepté au festival de "Sundance Film" 

Son roman à succès est "The Perks of Being a Wallflower " et il participa en tant que réalisateur et scénariste à l'adaptation cinématographique du livre.

Histoire :

Au lycée où il vient d'entrer, on trouve Charlie bizarre. Trop sensible, pas «raccord». Pour son prof de Lettres, c'est un prodige ; pour les autres, juste un freak. En attendant, il reste en marge - jusqu'au jour où deux étudiants, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile. 
La musique, les filles, la fête : c'est tout un monde que Charlie découvre..

(Tiré de la quatrième de couverture)

Mon avis :

Malheureusement, ce livre fait parti ceux qui n'ont pas réussi à me convaincre, malgré leur succès au près d'un large public. Pourtant, je m'estime heureuse d'avoir pu éviter tout spoiler ! Je savais juste qu'il était question d'un adolescent et de ses deux amis.
C'est donc sans attentes particulières que je me suis lancée dans ma lecture qui, malheureusement, n'a pas été séduisante et je vais faire de mon mieux pour expliquer pourquoi...

Premièrement, l'écriture m'était juste insupportable! Charlie a 15 ans et semble être un jeune garçon brillant, dans lequel son professeur de littérature a de grandes attentes. Et pourtant, il écrit de manière très plate : son vocabulaire semble limité, ses phrases sont hachées, il se répète souvent, etc. Bref, on eu dit un enfant et non un adolescent. Alors, j'ai bien conscience que Charlie a des problèmes à s'exprimer et à cerner les émotions - que ce soit les siennes ou celles des autres. Mais ceci n'excuse en rien la pauvreté de son vocabulaire ou sa grammaire plus que simpliste.
Il faut savoir que j'ai lu le livre dans sa version originale, en anglais, donc je ne saurais dire si le problème se ressent dans la traduction française. 

Ensuite, le format journal fut un très mauvais choix pour raconter cette histoire. Charlie a une difficulté à trouver les mots pour ses émotions et celles des autres, ce qui rend le tout très distant. Impossible de s'attacher aux personnages secondaires. 

Ceci n'est pas réellement excusable par l'argument "Charlie a du mal à cerner les émotions des autres" car à la lecture, je dirais qu'il est très clairvoyant et au contraire, trop sensible face aux émotions d'autrui, trop observateur. Il ne sait quoi faire pour que les choses se passent bien. Mais il est  vrai qu'il a du mal à trouver ses mots quand il s'agit d'émotionnel.

C'est pourquoi, je pense que l'histoire aurait gagné à parfois se détacher du point de vue de Charlie - par exemple, en adoptant la troisième personne mais gardant le tout du point de vue de Charlie mais s'en détacher de temps en temps. Le format journal pose également problème pour raconter les crises de Charlie... Ecrire pendant une crise n'est pas impossible mais que l'écriture ou le contenu reste compréhensible est plus qu'étonnant. Ceci enlève une grande part de réalisme au livre.

Autre soucis : le fait que l'auteur laisse sous entendre qu'il a des problèmes psychologiques sans exactement nous dire lesquels ! Est-il psychotique, a-t-il des angoisses sociales, ou est-ce de l'autisme ? Etant étudiante en psychologie, bien que les trois peuvent se chevauchés et se recouper, cela reste très différent ! Et le fait que l'auteur s'accorde la liberté de ne pas préciser la nature exacte de son problème m'agace. Je trouve cela réducteur : il met dans le même sac, bourrés de clichés, des problématiques fort différentes.

L'auteur fait le pari de survoler beaucoup de thèmes graves : l'inceste, le viol, l'homosexualité, l'introversion, l'avortement, la violence dans le couple etc. Mais sans jamais aller en profondeur dans aucune d'entre elles ! De ce fait, il les cite sans vraiment les développer, sans explorer la profondeur de la thématique.

Il en va de même pour les relations humaines : l'amitié entre Patrick, Sam et Charlie a quelque chose superficiel à mes yeux. De nouveau, Chbosky reste en surface et n'explore par le réel attachement qui pourrait les lier. De ce fait, il n'arrive pas à m'émouvoir ni pour les personnages secondaires, ni pour leur amitié avec Charlie.

De même, les pleurs de Charlie me laissent indifférente. Je tiens à préciser n'avoir aucun soucis avec un personnage masculin qui pleure, bien au contraire. Par contre, pour émouvoir un lecteur, il ne suffit pas d'indiquer toutes les 5 pages que Charlie pleure. Il faut réellement faire ressentir son angoisse, ses soucis, et l'auteur n'a pas réussi à les faire entrer en moi.

En résumé, c'est un livre qui aurait pu beaucoup me plaire : un personnage pris dans une psychologie différente de la norme, des thèmes forts, une histoire d'amitié et surtout, un récit initiatique. Tous les éléments pour une excellente histoire y était mais, à ma grande déception,  Chbosky ne m'a pas convaincue.

Je jetterais volontiers un coup d’œil au film !  Rien que le fait que l'histoire ne soit plus du point de vue de Charlie et que l'aspect de l'écriture dérangeante ne soit plus présent m'aideront certainement à plus m'émouvoir pour les personnages. Le film dépendra surtout du jeu d'acteurs. Je vous en parlerais dès lors, prochainement !

En bref :

  • Points positifs : Une série d'éléments intéressants : un personnage à la psychologie hors norme, des thèmes forts, une histoire d'amitié
  • Points négatifs :Mauvaises exploitation des thèmes, manque d'émotions, écriture pauvre, personnages plats. 

Avez-vous lu ce livre ?
En désaccord avec mon avis ?
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